Théo Grand Architecte de l'Univers
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| Sujet: Lu dans la presse Mer 9 Jan - 20:14 | |
| - Citation :
- « Une autre organisation de la vie
reste à imaginer »
Entretien avec Didier Gil, professeur de philosophie au lycée Lakanal (Sceaux).
Comment comprendre une telle exclusion des catégories sociales comme les retraités, sous le seul prétexte qu’ils ne seraient plus « productifs » ?
Didier Gil. Il faudrait tout d’abord comprendre que la vie ne culmine pas dans la vie professionnelle, que le travail n’est pas une fin en soi. Ce que l’on sait depuis toujours mais que l’on veut nous faire oublier. Le travail ce n’est jamais qu’un moyen. Bien sûr, on peut se réaliser au travers du travail, mais avant tout il est chargé d’assurer nos moyens d’existence. Je le précise parce que je crois qu’il y a à imaginer une autre organisation de la vie qui ne cloisonne pas en fonction des classes d’âge, qui garantisse à tous, à tout âge, la possibilité de s’arrêter de travailler pour connaître un moment de formation, d’apprentissage, un moment de repos ou de réflexion et surtout un moment de participation à la vie collective. Il s’agit de penser un rapport d’utilité sociale bien différent, pour lequel nous avons des repères dans le passé, mais aussi aujourd’hui : il existe des professions, comme la mienne, qui ne rapportent rien et sont pourtant très utiles socialement.
Il y a pourtant une vraie coupure dans notre société entre ceux qui produisent et les autres…
Didier Gil. Je crois que la coupure actifs-inactifs est une coupure artificielle qui ne permet pas de comprendre comment la société peut évoluer, du fait de l’amélioration générale des conditions de vie et de l’allongement de la vie en bonne santé. Dans une société capitaliste attachée au profit et à la productivité, l’inactivité est évidemment toujours présentée de manière négative. Finalement la philosophie est assez démunie face à ce problème d’allongement de la vie parce que pendant très longtemps les sagesses ont été un apprentissage de la douleur. À partir du moment où l’on peut vieillir en bonne santé, cette question doit être évacuée. Il s’agit plutôt de savoir comment on peut occuper la vie d’une autre manière que par le travail. Cela ne peut s’inventer de toutes pièces. Je comprends que l’on puisse se retrouver dans un état d’esseulement, d’isolement, parce que tout le tissu social est organisé autour des relations de travail. De même il n’est plus possible de concevoir le rôle du vieux dans son rapport aux enfants, petits-enfants, comme celui qui peut transmettre une expérience, faciliter le passage. C’est une vision un peu dépassée qui enferme les retraités dans une seule forme d’occupation possible, celle d’éduquer les autres. On ne cesse de solliciter les gens âgés pour savoir ce qu’ils pourraient apporter à la société, sans s’interroger sur ce que la société pourrait leur apporter.
Il y a d’autres occupations à penser, qui soient détachées de la valeur travail. Ne cantonnons pas le retraité dans un idéal d’occupation. Il faut garantir la pluralité, sachant que 25 années en retraite c’est une période longue. Il faut donc prévoir des temps différents, concevoir un projet d’existence, comme quand on est jeune.
Entretien réalisé par Frédéric Durand
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°o.OTancrediO.o° Meilleure posteuse!
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| Sujet: Re: Lu dans la presse Mer 9 Jan - 23:49 | |
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